CAPFRANCE

BLOGS

SPORTS ET LOISIRS NATURE

16 conseils pour des vacances (réussies) à vélo

16 conseils pour des vacances (réussies) à vélo

ACTUALITÉ DU 16/06/2021

Trois couples témoignent. Ils sont six mordus de cyclotourisme : Sophie et Jean-Louis, Bénédicte et Raymond, Lætitia et Pascal. Ils pratiquent tout, le chemin, la route, la balade ou le périple au long court, en solo, en couple ou en famille, en France ou à l'étranger. Voici leurs conseils pour de bonnes vacances à vélo. Rien que de l'hyper pratique... mais aussi un peu de philosophique. Pour ceux qui cyclotent de longue date (du verbe cycloter : pratiquer le cyclotourisme avec passion et prudence), ces recommandations sont connues. Pour ceux qui démarrent ou veulent passer à une vitesse supérieure, ils vous seront très utiles. Au-delà des conseils, ce trio de duos à vélo nous sert une invitation à prendre le temps de découvrir la France autrement, à faire de cette drôle de bécane inventée au XIXe siècle, la complice de voyages et rencontres fantastiques.

TOUS LES SENS EN EVEIL. Jean-Louis est ingénieur. Mon micro l'a rattrapé sur son cycle à hauteur de la vallée de la Valserine (Ain et Jura). Il se met à l'abri à l'approche d'un orage, à son 6e jour de voyage. Il part rejoindre « sa petite femme et sa petite fille » à Annecy. Jean-Louis : « C'est Sylvain Tesson qui dit qu'être entre quatre murs est un avant-goût du caveau. Je pensais à cette phrase quand je roulais sur le haut plateau du Jura, avec des paysages à 360° et un vrai sentiment de liberté, et je me disais : qu'est-ce que le caveau est loin ! À vélo, tous les sens sont en éveil, tous les horizons sont ouverts et l'on découvre sans cesse que la terre est belle, tellement belle » Il aime cette solitude et cette « liberté totale », tout autant que le vélo en couple ou en famille et les moments de partage qu'ils procurent. Il aime la France, tout autant que son entourage, pas si proche, pays baltes, du nord et de l'est, qu'il a visités à vélo, avec Sophie, au cours des trois dernières années : « Le vélo est un langage universel. Le plus beau du voyage, ce sont souvent les rencontres ». C'est d'ailleurs sur une rencontre, pas banale, que Jean-Louis a ouvert sa passion pour le vélo, en Grèce, avec un Belge professeur de français. « Il m'a dit : fais-le ! ».

EN RAPPORT AVEC LA GLOBALITÉ DE LA NATURE. Lætitia et Pascal (lui est un ancien éleveur de porcs gascons) ont tout largué. « On habite nulle part, on a tout vendu ». Ils n'ont gardé qu'un camping-car, deux vélos et une adresse, celle du fils de Pascal, patron de bistrot dans les Vosges. Mon micro les a trouvés en pleins préparatifs. Ils sont déjà repartis. Ils crapahutent, à l'heure où je vous cause, sur les routes de France avec l'objectif de rejoindre le Portugal. Les longs périples, c'est déjà une vieille habitude pour ce couple que l'on peut suivre sur un blog nosrevesdeboheme.wordpress.com Il y a un an, ils rentraient d'un voyage de 16 mois à vélo, de 21 000 kilomètres... et 166 000 mètres de dénivelé positif : ils partent alors de l'Alsace, rallient d'abord le Cap nord, via Berlin et Stockholm, puis tout en haut, à l'extrémité nord, se disent qu'il faut aller voir l'extrémité sud, Tarifa en Espagne (près du détroit de Gibraltar). « Arrivés à Tarifa, on ne voulait pas rentrer en avion. On a traversé le Portugal par l'intérieur du pays ». Pascal : « dépouillés de toute carcasse, à vélo on est en rapport avec la globalité de la nature, ses parfums, ses bruits, ses couleurs... ».

DÉCOUVERTE TRANQUILLE DE LA FRANCE. Même son de cloche et sensations identiques chez Bénédicte, infirmière, et Raymond, restaurateur à la retraite. Ils sont, à cette heure, quelque part sur un chemin des Alpes. Ils roulent sur des vélos à assistance électrique et privilégient les routes de France. Le couple avoue une petite préférence pour les bords de Loire et « tout le flanc atlantique, bien équipé pour les cyclistes ». Raymond : « A vélo, les paysages changent sans cesse et on a l'avantage de s'arrêter quand on veut. Il permet une découverte douce et tranquille de la France, à condition de faire attention et de veiller à quelques règles simples ».

Vacances à vélo
Vacances à vélo
Vacances à vélo

Nous y voilà ! Quels conseils ces six cyclistes nous donnent-ils ? Les voici, pêle-mêle, tels qu'ils me les ont livrés au cours d'échanges par téléphone. Ce n'est pas de l'exhaustif mais ça marche autant pour des grandes virées que pour des petites balades en famille, un jour de vacances.

1. Regarder autour de soi

Oui, bien sûr, il y a les paysages à découvrir à vélo, créant un émerveillement, mieux que sur n'importe quel autre engin. Mais le fait de regarder autour de soi invite aussi à l'humilité. Nul besoin d'aller chercher très loin pour trouver le dépaysement. Jean-Louis : « Il y a des choses magnifiques autour de nous. Le voyage ne vaut que par le chemin. Le point d'arrivée, ce n'est pas ça le plus important, encore plus avec des enfants. L'important, c'est le cheminement. On peut cheminer tout près de chez soi en prenant son temps ». Pascal rappelle l'état d'esprit majoritaire des cyclistes : « se hâter lentement, pouvoir sauter d'un spot à l'autre pour voir ce que la nature nous offre ». La nature et les hommes... « les plus belles rencontres à vélo, dit Pascal, ce sont celles qu'on ne calcule pas ».

2. Éviter les routes nationales et chercher les chemins de traverse, pistes cyclables sécurisées, véloroutes, petites routes départementales

Ce n'est pas toujours si simple, nous dit Jean-Louis, qui recommande plusieurs sites et guides pour les trouver à l'échelle de la France et même de l'Europe : Ester Bauer Editions, Bike line, la Compagnie des cartes ou Kompass. Jean-Louis : « les routes nationales sont dangereuses, on se fait raser par des camions. Il ne faut pas oublier que les cyclistes peuvent être mal considérés par de nombreux utilisateurs de la route, il y a des gens qui te mettent dans le fossé ! » Prudence, donc ! En prenant ces chemins de traverse, « on roule plus en sécurité et on loupe beaucoup moins de beaux paysages ». Pour les conseils et les idées de trajets, n'oubliez pas le site de la Fédération Française de Vélo, dont Cap France est partenaire. Pensez aussi aux villages Cap France labellisés Vélos, les groupes de cyclotouristes sont chouchoutés et certains villages vous proposent des locations de vélos.

3. Ne pas oublier les libraires... et le train

C'est un petit conseil que veut glisser au passage Jean-Louis. Les offices de tourisme, nous dit-il, n'ont pas toujours une vision interdépartementale ou interrégionale des circuits de cyclotourisme. De passage à Bellegarde-sur-Valserine, il s'est rabattu sur la librairie en face de l'église... Certaines librairies disposent de cartes très détaillées sur les circuits à vélo. Autre conseil offert (que l'on va réexpédier illico aux candidats aux élections régionales des 20 et 27 juin prochains) : « il faudrait que les TER et TGV soient mieux accessibles aux personnes circulant avec un vélo. La possibilité de pratiquer l'intermobilité n'est pas assez développée en France ».

4. S'adapter au rythme de tous et notamment des enfants

Il faut d'abord bien se connaître soi-même, connaître ses capacités, son rythme et ses limites. « C'est encore plus important quand on est avec des enfants, qui peuvent en avoir marre assez vite. Pour les enfants, il faut organiser ça selon la catégorie d'âge, moins de 6 ans, 6/10 ans, 10/15 ans puis les 15/20 ans et jeunes adultes », dit Raymond. « Les enfants peuvent être moins captivés par les paysages, il faut s'arrêter, en bord de rivière par exemple, jouer, patauger, regarder les libellules, il faut encore plus prendre son temps et encore plus raccourcir les étapes », complète Jean-Louis.

5. En groupe ou en famille, envisager des compromis

On ne fait pas du vélo seul, en couple, en famille ou en groupe de la même façon. A plusieurs, c'est une autre histoire, une autre forme de richesse, dit en substance Jean-Louis, mais cela nécessite des compromis. Il vaut mieux se mettre d'accord avant sur un trajet et rouler en bonne intelligence... en pensant toujours à celui qui va le moins vite, a le moins de ressources physiques. Ceci dit, la pratique du vélo en famille est très développée en France. « En faisant l'an dernier le parcours des châteaux de la Loire, on a croisé des familles entières qui randonnaient à vélo », témoignent Bénédicte et Raymond.

6. Penser sécurité, rester toujours vigilant et tout prévoir

Surtout, nous dit Raymond, quand on circule avec des enfants. Raymond cible quelques incontournables et indiscutables : « respecter le code de la route, toujours prévoir de quoi se couvrir (vêtements chauds et de pluie), de quoi boire et s'alimenter, veiller à ce que le matériel soit en parfait état, penser en permanence sécurité (par exemple les casques), calculer en amont du départ le dénivelé général, repérer les chemins correctement balisés. Il faut toujours être très vigilant parce que tout ce qui vous entoure est potentiellement agressif, par exemple une portière de voiture qui s'ouvre subrepticement devant votre enfant »

7. N'emporter que l'absolument nécessaire

Tout prévoir, dit Raymond, oui, trois fois oui, mais ne pas se surcharger non plus afin de conserver le confort et le plaisir de pédaler. Inutile d'emporter votre tablette, votre smartphone suffit pour des appels de secours, le GPS ou la consultation d'infos pratiques. Embarquer la dernière édition du Guide Michelin, au cas où, n'est pas recommandé non plus, vous trouvez tous les bons plans à tous les prix sur votre smartphone.

8. Oublier un peu son smartphone, observer la nature

La pratique du vélo vous offre une incroyable découverte de paysages. On les voit mieux qu'en voiture, on en voit plus qu'à pied, disent les pratiquants de la bicyclette... qui vous conseillent tout de même de ne pas dégainer votre boîte à selfies à tout bout de champ. Vos yeux et votre mémoire forment une entreprise bien plus efficace en production de souvenirs qu'un smartphone et ses innombrables (et incompréhensibles) logiciels. « Je fais rarement des photos, confie Jean-Louis, j'ai peur que ça me gâche le moment. Quand on sort son appareil photo, on n'a plus tous les sens en éveil, on pense au cadrage, à la technique de l'appareil, on ne ressent plus les parfums et ça gâche tout » (il reconnaît que sa femme est fan des photos... Ben oui, il faut de tout pour faire un monde !)

9. Consulter la météo et se munir d'une carte routière

« Notamment lorsqu'on voyage avec des enfants, ajoute Raymond : une carte est essentielle avec des enfants parce que si vous vous plantez de trajet, un enfant ne fera pas comme vous les 20 ou 30 ou 50 bornes pour revenir sur le bon chemin. Ce sont des choses basiques mais absolument indispensables ».

10. Ne pas lésiner sur la qualité

« Surtout avec des enfants car il y a des problématiques de sécurité ». Jean-Louis : « Aujourd'hui il y a des équipements fabuleux pour voyager avec des enfants, y compris sur deux ou trois jours. Il y a par exemple des petites remorques extraordinaires. Si l'enfant est un peu plus grand, il y a des tiges qu'on peut raccorder à la selle et on accroche le vélo du petit, vers 5 ou 6 ans, qui n'a pas forcément envie de trop pédaler. Sur tous ces équipements, il ne faut pas lésiner sur la qualité, ne pas hésiter à prendre du bon matériel ».

11. S'entraîner

Vous connaissez la légende : on sait toujours faire du vélo, même après cinq ou dix ans d’abstinence. Pas faux. Cela dit, un périple en vélo ne s'improvise pas, en matière de condition physique. Si par exemple vous prévoyez des vacances tout-vélo, entraînez-vous régulièrement avant de partir. Raymond et Bénédicte pratiquent ainsi : « On ne monte pas sur le vélo comme ça, une fois par an, en se disant youpi, on part en vacances. Avant de partir, on a fait quelques sorties de 50, 60, 70 kilomètres ».

12. Demander des coups de main et des conseils

« Je l'ai vérifié à chaque fois : c'est quand on a le plus de problèmes qu'on fait les plus belles rencontres », assure Jean-Louis qui, un jour, se retrouve démuni du bac qui devait le faire traverser un fleuve. Voilà qui rallonge son parcours de deux jours – 160 km environ – et, plus problématique, le met en retard sur le rendez-vous avec son fiston. Il croise alors un trio d'Allemands qui lui propose de prendre le bateau d'un ami et l'héberge en attendant. Le monde cycliste est généralement solidaire, n'hésitez pas à demander de l'aide et des conseils (y compris sur l'achat de matériels, les prix, les marques, il n'y a rien de mieux que les pratiquants).

13. Veiller aux conditions de circulation dans les villes

Là aussi, demandez conseil avant d'entamer la traversée d'une ville. Pascal et Laetitia , après des milliers de kilomètres, se souviennent de la galère du franchissement de Nîmes : « On s'est fait très peur ». Un de leurs confrères vélocipèdistes leur était venu en aide pour en sortir. Bénédicte et Raymond signalent à l'inverse la ville de La Rochelle, très accueillante pour la gent cyclotouriste. Ce que confirme le baromètre Vélo Fub (2019, 185 000 cyclistes et non cyclistes interrogés) qui classe La Rochelle (catégorie 50/100 000 habitants) n°1 des villes cyclables. Nos trois couples le signalent : la prise en compte du vélo s'améliore en France – « même dans la tête des automobilistes » dixit Pascal – mais selon l'étude Vélo Fub « seules 43 villes sur les 768 classées obtiennent une note supérieure à la moyenne ». La mauvaise ou moyenne « cyclabilité » des villes ne tient pas seulement des équipements, balisages et services insuffisants apportés au cyclistes, mais aussi au comportement des automobilistes, « pas toujours sympas », prévient Raymond.

14. S'équiper d'un bon antivol et d'un porte-vélo

Même si nos six témoins attestent n'avoir jamais fait l'objet d'un vol (sauf Lætitia dont on a chipé le casque à Nîmes), que le cycliste est généralement très bien accueilli et qu'ils s'éloignent de leurs vélos sans précautions particulières, il faut rester prudent. Les zones et périodes de forte affluence touristique se révèlent plus dangereuses. Ne laissez jamais vos papiers, objets de valeur et moyens de paiement sur le vélo lorsque vous vous en éloignez, et munissez-vous d'un bon anti-vol. Pour arriver à votre résidence de vacances avec vos vélos en bon état, « embarquez-les sur un porte-vélo et mettez le prix, 500 à 600 €, suggère Raymond, c'est une question de sécurité, pour soi et pour tous. Et sur autoroute, réduisez votre vitesse, de 130 km/h à 110 km/h, surtout les voitures basses avec une plus importante prise au vent ».

15. Se renseigner sur les parkings et lieux de repos

Ils le disent : ils roulent en toute confiance et sont aimablement reçus dans la plupart des lieux où ils s'arrêtent. Pascal : « Dès qu'on arrive à vélo, on reçoit un très bon accueil, les gens sont curieux, intéressés, veulent savoir d'où on vient, où nous allons. Le vélo entraîne plein de discussions ». Les cyclistes ouverts n'en sont pas moins sioux. Ils ressentent vite (au nez) un lieu hostile ou cordial, pour un pique-nique ou un bivouac. Ils disposent également de références sur les lieux et parcours où ils peuvent par exemple se garer facilement et en sécurité. Voir à ce propos (pour les accueils et les itinéraires) le site francevelotourisme.com.

16. Aimer le vélo, goûter l'inexplicable plaisir de l'effort

Pascal insiste : « Il faut aimer le vélo ». Ça paraît naturel, mais non. Sa remarque est frappée au coin du bon sens. « On entend beaucoup de gens dire : on va faire du vélo parce qu'on ne pollue pas. C'est bien mais, surtout pour les gros trajets, il faut une vraie passion pour le vélo » Le vélo n'est pas qu'une mode, c'est un sport, une passion, une accumulation de difficultés physiques mais aussi de plaisirs. « Le plaisir de l'effort notamment. Mais l'effort peut s'avérer violent, ça tire dans les muscles fessiers, on a parfois le souffle coupé... mais quand on arrive en haut, ou au bout, il y a un plaisir qu'on a du mal à expliquer, c'est un plaisir qui se vit ». 


Vianney Huguenot

Journaliste, hexagone-trotter, également chroniqueur en radio, animateur en télévision et auteur au Petit Futé, il sillonne la France depuis plus de vingt ans, alternant les coins méconnus et les pépites incontournables du tourisme français.